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Isabella


Lisa Dunk, Breno Quinderé, chant
Marie Verstraete, vièle et flûte à bec
Claire Piganiol, harpe, organetto et flûte à bec



Présentation du programme Les Eschés amoureux
l'amour courtois au tournant du Moyen Age et de la Renaissance

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Dans un des textes allégoriques les plus fascinants du Moyen Age, les Eschés amoureux, le narrateur entre dans un jardin et y rencontre une jeune femme assise devant un échiquier dont chaque pièce représente une qualité ou une attitude amoureuse. Il s’assied en face d’elle à l’invitation du dieu Amour, et commence alors une partie dont tous les coups représentent le déroulement parfait des relations entre un prétendant et sa dame selon les règles de l’amour courtois…

Nous n’avons pas trace de musique directement liée à ce texte, mais les relations qui se tissent au cours du jeu, emblématiques de la dévotion que doit le prétendant à sa dame, sont abondamment dépeintes dans le répertoire musical de la même époque. La partie d’échecs sert ainsi de fil conducteur au concert dans un double échange : l’histoire permet de donner une nouvelle dimension à la musique et aux textes chantés et de rendre ces textes plus proches d’un public contemporain non familier de l’univers amoureux très complexe de la fin du Moyen Age. La musique, elle, redonne vie au texte en illustrant les sentiments qui y sont décrits.



La musique

Les pièces choisies sont liées à la partie par leurs textes et caractères. Elles ont été composées à plusieurs moments de la longue histoire des échecs et de l’amour courtois :
- de nombreuses pièces sont contemporaines de la rédaction des
Eschés, et faisaient sans doute partie de l’univers musical tant des auteurs que de leur public : œuvres de Machaut, des manuscrits de Turin, Chantilly, Oxford.
- des pièces plus tardives (
Hélas mon Deuil de Dufay, diminutions des manuscrits de Faenza, Buxheim et Berlin) correspondent à l’époque de la diffusion du texte.

Le choix de la musique se veut à la fois varié dans les caractères et représentatif de nombreuses facettes de la musique en langue française à l’époque, pour toucher des publics déjà amateurs de musique médiévale tout comme des auditeurs découvrant ces styles. Le programme utilise également un instrumentarium varié : vièle, harpe gothique, organetto (orgue portatif), flûtes à bec.


Extraits musicaux en vidéo

Extraits musicaux, audio seul




La partie d'échecs




Les
Eschés amoureux présentent une véritable partie, qu’il est possible de reconstituer sur un échiquier. Chaque pièce porte un nom et chaque coup illustre les relations entre les deux personnages ; ainsi le premier pion joué par la Dame est Beauté, le jeune homme lui répond par Regard. Un peu plus tard, quand il se montre un peu trop hardi et prend Beauté avec son fou Désir, la Dame joue son cavalier Honte : une jeune femme de haute naissance se doit de faire preuve d’une grande réserve.
La partie ne suit pas tout à fait les règles des échecs modernes ; elle se joue selon
l’assise courte, mode de jeu qui permet des parties plus brèves. Les pièces sont réparties en trois rangées au lieu de deux, et les différences les plus notables avec les échecs modernes sont d’une part le rôle limité de la Reine, qui partage une case avec un simple pion et se déplace comme lui, et d’autre part le mode de déplacement des fous, qui peuvent sauter une pièce présente immédiatement à côté d’eux en diagonale.
Au XIV
e siècle, le jeu est très répandu et particulièrement apprécié par l’aristocratie ; sa maîtrise est une qualité appréciée, signe d’intelligence, et les échecs sont partie intégrante de l’éducation des jeunes de la bonne société. Un des exemplaires richement enluminés des Eschés a sans doute été réalisé pour la bibliothèque du jeune François Ier.



Le texte

Les Eschés amoureux sont relatés dans deux textes. Le premier est un poème écrit vers 1370, le second est un texte en prose écrit vers 1400 qui explicite les différents niveaux de symboliques présents dans le poème. La version en prose (peut-être aussi le poème) a été écrite par Evrard de Conty (vers 1330 - 1405), natif d’Amiens, membre de la Faculté de médecine de Paris, médecin de Charles V et de Blanche de Navarre.
Des copies magnifiquement enluminées de ce second texte ont été réalisées jusqu’à l’extrême fin du XV
e siècle ; le poème est conservé dans deux manuscrits, actuellement à Dresde et à Venise.

A tous les amoureux gentilz,
especialment aux soubtilz
qui aiment le beau jeu nottable,
le jeu plaisant et delittable,
le jeu tres soubtil et tres gent
des esches sur tout aultre gent,
vueil envoyer et leur presente
ceste escripture cy presente...



Les musiciens




La mezzo-soprano américaine Lisa Dunk vit et travaille à Venise. Après un Bachelor of Music en chant et un Bachelor of Arts en allemand et études médiévales à la Indiana University de Bloomington, où elle était lauréate de la bourse d’excellence Wells Shcolarship, elle est venue en Europe dans le cadre du prestigieux Fulbright Program pour étudier les musiques anciennes auprès de Kees Boeke et Claudia Caffagni à la Musikhochschule de Trossingen en Allemagne, où elle a obtenu un Master en musiques du Moyen Age et de la Renaissance en 2012. Elle chante régulièrement avec l’ensemble vénitien La Frottola et l’ensemble laReverdie et est un membre fondateur de l’ensemble Isabella.

Breno Quinderé a commencé son parcours musical à Rio de Janeiro au Brésil, étudiant le chant (licence en 2010) et la pédagogie musicale. En octobre 2010 il est venu en Suisse pour venir étudier le chant à la Schola Cantorum Basiliensis auprès de Gerd Türk ; baryton à l’origine, il chante maintenant en registre de contre-ténor dans les répertoires Renaissance et baroque qu'il s'attache à redécouvrir et partager. Il se produit avec de nombreux ensembles européens comme l’ensemble Gilles Binchois, Thélème Basel, Isabella, Corund, Orlando Fribourg, Kammerchor Stuttgart, Zürcher Sing-Akademie, Capriccio Orchester Basel, etc.




Marie Verstraete a étudié la flûte à bec au Lemmensinstituut de Louvain, où elle a obtenu son Master en 2009 ; elle s'est ensuite spécialisée dans les répertoires du Moyen Age et de la Renaissance à la Musikhochschule de Trossingen avec un Master of Music auprès de Kees Boeke et Claudia Caffagni puis un Master de musicologie sous la direction de Nicole Schwindt. Elle a étudié la vièle avec Lorenz Duftschmid, Randall Cook et Claudia Pasetto et a participé à des masterclasses sur les répertoires médiévaux avec Pierre Hamon, Pedro Memelsdorff, Benjamin Bagby et Marc Lewon. Elle est membre des ensembles Aquil’AlterA, Il Nostromo del Sogno, Isabella, Les Riches Heures et Mon cuer mon ame, tous spécialisés dans la musique médiévale. Marie a également joué dans toute l'Europe avec des ensembles comme Officium, L’estro armonico et Armonico Tributo Austria. Elle prépare actuellement un doctorat en musicologie à la Johannes Gutenberg-Universität de Mayence.


Claire Piganiol a étudié la flûte à bec et la harpe moderne en région parisienne. C’est alors qu’elle a découvert les harpes anciennes à l’occasion d’un stage ; elle s’est prise de passion pour ces instruments peu joués aujourd’hui et dont l’apprentissage l’a conduite à Milan, à Toulouse puis à  la Schola Cantorum de Bâle, où elle a obtenu un Master en harpes anciennes en 2012. Un Master en instruments du Moyen Age et de la Renaissance à la Musikhochschule de Trossingen lui a permis de se spécialiser dans les répertoires de ces époques, sur lesquels elle avait également mené des recherches dans le cadre de sa formation universitaire, en histoire d’abord, puis en musicologie (maîtrise à l’université Paris IV). Claire participe à de nombreux projets en France et à l’étranger : ensembles Roselis, Isabella, Tetraktys, Gilles Binchois, Les Riches Heures, Centre de musique baroque de Versailles, I Ragazzari, Le Parlement de Musique...